La boss des process
La nutrition animale n'était pas son rêve d'enfance mais Sophie Rigoulay, directrice industrielle et logistique de Nealia, est « tombée dedans » et a attrapé le virus.
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Trouver l'équilibre entre le dynamisme au quotidien et le challenge de la réflexion à long terme, voilà comment Sophie Rigoulay définit son métier de directrice industrielle et logistique en nutrition animale. « Il faut mixer les deux, la réactivité au quotidien et la performance de demain », résume-t-elle. « Embauchée quasiment à la sortie de l'école comme responsable assurance qualité à la Copam, j'ai grandi avec l'entreprise. » Elle démarre par l'agrément de l'usine en 1998, puis le dossier Iso 9001 à partir de 2000. C'est en conduisant ce dernier qu'elle touche de plus en plus au process. « D'emblée, on pense les femmes plus en qualité qu'en process mais ici, j'ai pu très vite toucher un peu à tout, les appros, la production... et j'ai eu l'opportunité de gérer l'usine en direct en absence de responsable avant de prendre la direction QHSE. » Le poste s'étoffe, le groupe aussi en fusionnant avec la Cadsar et ensuite en intégrant Etienne.
De nouvelles compétences à chaque étape
Aujourd'hui, le périmètre de ses responsabilités couvre quatre unités de production (quatre usines d'aliments et une plateforme d'aliments humides), ainsi qu'une cinquantaine de personnes. Sa mission est de diriger les usines et leurs performances en s'appuyant sur les quatre responsables de site, le responsable logistique, le responsable QHSE et le responsable de la maintenance. « Nous travaillons par projet, comme la sécurité cette année, car la gestion de projet crée de l'échange, du partage et aussi de la remise en question, donc du progrès. A chaque évolution de l'entreprise, j'ai bénéficié de promotion interne et à chaque fois, j'ai acquis des compétences nouvelles. On n'arrive pas à ce type de poste en une fois, je pense qu'il faut gravir les échelons progressivement tout en gardant toujours la proximité avec le terrain pour conserver une vision critique. Il n'existe pas de CV idéal. »
A la question : « Est-ce difficile d'être une femme à ce type de poste ? » Sophie Rigoulay répond d'abord sur le comportement de ses interlocuteurs : « Au début, certains fournisseurs marchaient sur des oeufs car ils n'avaient pas l'habitude, mais ils ont appris à me connaître. » Mais pour elle pas de problème : « Ça ne m'a vraiment jamais posé de soucis et ce n'est même pas une question dans l'entreprise. Nous sommes d'ailleurs trois femmes sur les huit membres du comité de direction. » Quant à l'univers professionnel, là encore aucune difficulté que ce soit dans le comité de pilotage du guide des bonnes pratiques ou dans des groupes techniques comme à Tecaliman. A la question : « Pensiez-vous lors de votre formation initiale, arriver à ce genre de poste », la réponse fuse dans un sourire : « J'aurais probablement mieux suivi certains cours, notamment les cours de compta. » Cependant, dans son école d'ingénieur agroalimentaire, assez généraliste, elle a acquis une formation très large, mais concrète, dont elle tire des clés de décodage et d'application qui lui sont toujours utiles aujourd'hui. Et la formation initiale s'est poursuivie sur le terrain : non seulement le métier de la nutrition animale qu'elle apprend « à la dure car l'un de mes premiers visiteurs a été l'inspecteur vétérinaire en pleine crise de l'ESB », mais aussi les outils informatiques qui sont arrivés dans les usines, et peut-être encore plus, le management car « les relations humaines représentent probablement quelque chose comme 80 % de mon temps. »
Yanne Boloh
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